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Brutal ? Biographie Parcours Histoires d'Happenings ... |
Les titres de mes expositions s'expliquent par l'attitude, la posture, que je prends dans mon travail : m'efforcer d'atteindre à quelque chose d'universel par une simplification extrême du geste et des signes donnés à voir, par une démarche de déconstruction. Imaginez un archéologue qui se voit contraint de démonter pierres par pierres des constructions successives afin de retrouver en dessous des vestiges toujours plus anciens... ( Je voudrais concilier Platon et Aristote, le monde de l'Idée et celui de la Forme ). Je suis une grande amoureuse de Dubuffet et de Basquiat. L'un et l'autre s'expriment selon moi au travers d'une technique personnelle, où la conceptualisation concède la primauté à la force de l'expression.Dans mon travail la Création divine, l'Enfantement et l'oeuvre artistique sont volontairement mis en parallèle. En ce sens, ma démarche peut apparaître comme strictement féminine ; alors qu'elle se voudrait universelle. La problématique féminine(niste) se doit d'agir au travers de mes travaux comme image motrice, comme métaphore, sans plus. Mon oeuvre n'est pas pornographique (!), elle est encore moins érotique : sexuelle, tout simplement. Parce que l'Homme ne copule pas, même s'il baise au lieu de faire l'amour : il cherche cette relation qui n'a jamais lieu (" Il n'y a pas de rapport sexuel dit Lacan ") qu'avec lui-même, et encore... Le corps devient le lieu de toute interrogation. Où aller, quand on sort de soi ? Regarder vers où ? Avec quels yeux ? Retour à la question première, la (presque) toute première : qu'est-ce que je fais là ? ( il y a-t-il seulement un "pourquoi" à poser ?), où va celui qui me traverse ? Je suis une porte vers où ? " Toujours plus loin, tracer des routes qui ne vont nulle part, nulle part ailleurs qu'ici, face à cette béance du sens, reprise par ma béance personnelle. Lieux de passage. Ma peinture est comme la trace laissée par un oiseau sur une plage : l'indication d'un passage, une éphémère scarification du temps, l'infime cicatrice d'un corps traversé par la vie. Ce sera ma façon ultime d'être femme au monde. Corps percé, griffé, enté (hanté) sur le vide. Les persiennes me sont données de l'intérieur. " |
Adam Sarabande |
Rêve |
Née en 1961 en Algérie de parents instituteurs, Lauranne a gardé quelque part en elle le souvenir de cette période de troubles ... Elle a toujours peint, elle a écrit aussi de nombreux textes. A Paris, où elle arrive l'année de ses dix-huit ans, elle suit des cours de théâtre et joue dans quelques pièces. Toujours en contact avec le milieu artistique, elle pose pour des peintres, des photographes et des sculpteurs. C'est en 1985 qu'elle rencontre le peintre Nato et qu'elle participe alors à son premier happening, comme " modèle ". Vécus de l'intérieur comme alliance de la scène et de la peinture, les happenings lui permettront d'explorer d'autres aspects de la représentation. Cette exploration intérieure dure toujours, et Lauranne participe régulièrement aux happenings de Nato. Mais elle prend maintenant son autonomie. En 1995, elle se mettra seule en "montre " au cours de " Art et Absence d'habits ", rencontre internationale d'artistes performers, où, tout en participant à de nombreuses performances et happenings, elle exhibe aussi sa propre problématique pour la première fois. En 1996, elle réalisera à Paris deux expositions personnelles de ses œuvres, et une " Galerie Mouvante " où le corps du peintre Nato sert de support à ses toiles... Quatre autres expositions suivront en 1997. Détentrice, entre autres diplômes, d'une maîtrise d'arts plastiques, Lauranne enseigne en collège et lycée depuis 1990. |
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Visages Eve |
Adam et Eve Oiseaux |
(Pro)Création
J'ai déroulé une longue bande de papier blanc à travers toute la salle,
d'un bout à l'autre.
Parce que mon chemin dessine aussi celui de (des) la personne(s) qui
m'a créé, et peut-être même dans ce but ; pour se continuer, quoi... Mon parcours, donc, est aussi la signature, la trace de ma mère (de mes parents), la marque d'un créateur, ses legs au monde. Moi, au départ, je n'ai rien demandé.
Je fais avec. Avec ce que je n'ai pas demandé. Je me dois d'accepter ce
contrat unilatéral, sous peine de mort. Je signe avec mon sang. La marque que je laisse sur la toile. Je la baise, la toile. Je la pourfends. Je griffe le futur. Parce que je ne vois pas très bien ce que je pourrais faire d'autre...
Ensuite, inondée de peinture rouge, j'ai rampé sur cette mer (mère ? )
de glace. Mon parcours a déchiré le papier. Un peu comme de traces de
roues, ou de ski. Parce que ce papier est très " mou ", très soluble.
Normalement, j'aurais dû utiliser du sang de porc. C'était mieux. Parce
que ça renforce l'idée de " sale " (c'est parfois une insulte, d'être un
cochon ! ), et parce que c'est du sang. Ca a donc la couleur du sang (
presque noir, en fait. Celui que je désirais est vendu en pot d'un
litre, coagulé, ou presque. Un rubis ! ).
Du sang pourri. Mais ça veut dire qu'on peut refiler la vie. Qu'on a le
droit de vie ou de mort...
Ensuite, j'ai pu modeler ce que je voulais. Un gros têtard rose est né
entre mes doigts, entre mes cuisses aussi. ? chacun son phallus, puisque, n'est-ce pas, nul n'est censé en être dépourvu.
Ils n'ont pas vraiment voulu l'approcher ; de peur de se salir, sans
doute... Combien de culottes et de slips nous avons tâché depuis la puberté ! (Re)Création Galerie mouvante perpétuelle Dans ce happening là, Nato jouait un rôle d'objet.
Si Nato se situe plutôt au-delà de la sexualité, moi, je serais plutôt
en deçà.
Nato prenait aussi un malin plaisir à présenter mes toiles à l'envers ;
c'est à dire tête en bas, ou bien coté écru face aux spectateurs... Tant
mieux.
Puis j'ai flagellé ce corps travesti avec des couleurs, les siennes,
celles de sa palette. Alors, il s'est retrouvé zébré de mauve, jaune,
rouge... Et Nato, réduit à l'état de témoin, condamné à brandir mes œuvres sous la lumière jaune. |