Laur@nne

Adresse :
4 Passage Grabouillet
93380 Pierrefitte s/Seine
France

Téléphone : 01 48 21 03 28
Email : gthomas@cnam.fr
Brutal ?
Biographie
Parcours
Histoires d'Happenings ...


Brutal ?

Les titres de mes expositions s'expliquent par l'attitude, la posture, que je prends dans mon travail : m'efforcer d'atteindre à quelque chose d'universel par une simplification extrême du geste et des signes donnés à voir, par une démarche de déconstruction. Imaginez un archéologue qui se voit contraint de démonter pierres par pierres des constructions successives afin de retrouver en dessous des vestiges toujours plus anciens...

( Je voudrais concilier Platon et Aristote, le monde de l'Idée et celui de la Forme ).

Je suis une grande amoureuse de Dubuffet et de Basquiat. L'un et l'autre s'expriment selon moi au travers d'une technique personnelle, où la conceptualisation concède la primauté à la force de l'expression.

Dans mon travail la Création divine, l'Enfantement et l'oeuvre artistique sont volontairement mis en parallèle. En ce sens, ma démarche peut apparaître comme strictement féminine ; alors qu'elle se voudrait universelle. La problématique féminine(niste) se doit d'agir au travers de mes travaux comme image motrice, comme métaphore, sans plus. Mon oeuvre n'est pas pornographique (!), elle est encore moins érotique : sexuelle, tout simplement. Parce que l'Homme ne copule pas, même s'il baise au lieu de faire l'amour : il cherche cette relation qui n'a jamais lieu (" Il n'y a pas de rapport sexuel dit Lacan ") qu'avec lui-même, et encore...

Le corps devient le lieu de toute interrogation. Où aller, quand on sort de soi ? Regarder vers où ? Avec quels yeux ? Retour à la question première, la (presque) toute première : qu'est-ce que je fais là ? ( il y a-t-il seulement un "pourquoi" à poser ?), où va celui qui me traverse ? Je suis une porte vers où ?

" Toujours plus loin, tracer des routes qui ne vont nulle part, nulle part ailleurs qu'ici, face à cette béance du sens, reprise par ma béance personnelle. Lieux de passage. Ma peinture est comme la trace laissée par un oiseau sur une plage : l'indication d'un passage, une éphémère scarification du temps, l'infime cicatrice d'un corps traversé par la vie. Ce sera ma façon ultime d'être femme au monde. Corps percé, griffé, enté (hanté) sur le vide. Les persiennes me sont données de l'intérieur. "


Adam


Sarabande


Biographie


Rêve

Née en 1961 en Algérie de parents instituteurs, Lauranne a gardé quelque part en elle le souvenir de cette période de troubles ... Elle a toujours peint, elle a écrit aussi de nombreux textes. A Paris, où elle arrive l'année de ses dix-huit ans, elle suit des cours de théâtre et joue dans quelques pièces.

Toujours en contact avec le milieu artistique, elle pose pour des peintres, des photographes et des sculpteurs.

C'est en 1985 qu'elle rencontre le peintre Nato et qu'elle participe alors à son premier happening, comme " modèle ". Vécus de l'intérieur comme alliance de la scène et de la peinture, les happenings lui permettront d'explorer d'autres aspects de la représentation. Cette exploration intérieure dure toujours, et Lauranne participe régulièrement aux happenings de Nato. Mais elle prend maintenant son autonomie. En 1995, elle se mettra seule en "montre " au cours de " Art et Absence d'habits ", rencontre internationale d'artistes performers, où, tout en participant à de nombreuses performances et happenings, elle exhibe aussi sa propre problématique pour la première fois. En 1996, elle réalisera à Paris deux expositions personnelles de ses œuvres, et une " Galerie Mouvante " où le corps du peintre Nato sert de support à ses toiles...

Quatre autres expositions suivront en 1997.

Détentrice, entre autres diplômes, d'une maîtrise d'arts plastiques, Lauranne enseigne en collège et lycée depuis 1990.



Parcours

1978 Mise en Scène d'une pièce de Ionesco "Le Clown", et organisation d'un festival d'art total au lycée "Dupuy Delorme" à Lorient.
Recherches et pratiques théâtrales, danse, écriture.
1981-83 Études théâtrales, diplôme de 1er cycle. Joue Courteline, Tennesse Williams, Mérimée...
1985-87 Premiers happenings avec le peintre Nato. Représentations théâtrales, matchs d'improvisation.
École Normale, enseignement en primaire.
1988-93 Études d'arts plastiques à l'Université de Paris VIII. Maîtrise.
Happenings (Belgique, France, Hollande...) et recherches picturales. C.A.P.E.S, enseignement.
1995 Performance à " Art et absence d'habits " : (Pro)Création. Neuf happenings avec le peintre Nato.
Happening avec l'artiste russe Ekaterina Savtchenko.
1996 Deux expositions personnelles à Paris : " Brutalités " en janvier, à la galerie l'Usine, clôture avec un happening du peintre Nato.
" Bestialités ", en février/mars, au Maldoror.
" Galerie Mouvante Perpétuelle ", performance avec le peintre Nato en juillet, présentation de cinq de mes toiles.
Happenings.
1997 Happenings avec l'artiste japonaise Mayumi Handa et le peintre Nato, le 20 février à la galerie l'Usine , " Hommage au Baiser de Rodin " de Nato le 20 juin ; avec Shozo Shimamoto (ex groupe Gutaï) le 17 juillet.
Happenings, et divers travaux corporels.

Deux expositions personnelles dans le Lot :
" Brutitudes ", à Souillac (Lot) du 4 au 21 juillet, à la " Salle des Dames ", avenue de Sarlat.
" Solitudes ", à Montvallent (Lot) du 5 au 15 août, route du bourg.

Deux expositions collectives :
" (Se) Faire face " à la chapelle de la Salpétrière à Paris, du 8 au 16 juillet...
" Artistes du monde ", à la soirée de l'ADESCA, le 8 novembre.

Visages


Eve


Histoires d'Happenings ...


Adam et Eve


Oiseaux
(Pro)Création

J'ai déroulé une longue bande de papier blanc à travers toute la salle, d'un bout à l'autre.
Je peignais dessus une grande silhouette féminoïde, qui prenait forme au fur et à mesure que j'avançais en déroulant le papier...

Parce que mon chemin dessine aussi celui de (des) la personne(s) qui m'a créé, et peut-être même dans ce but ; pour se continuer, quoi...
L'image de la femme, c'est une métaphore de la (pro)création. Je sais bien qu'on se reproduit à deux ! Mais, primairement, c'est la femme qu'on voit accoucher, générer un autre humain. C'est ce qu'on voit, finalement. C'est pour ça que c'est une image.

Mon parcours, donc, est aussi la signature, la trace de ma mère (de mes parents), la marque d'un créateur, ses legs au monde.

Moi, au départ, je n'ai rien demandé.

Je fais avec. Avec ce que je n'ai pas demandé. Je me dois d'accepter ce contrat unilatéral, sous peine de mort. Je signe avec mon sang.
Et mon sang, ma chair, moi, c'est la peinture, la toile.

La marque que je laisse sur la toile.

Je la baise, la toile. Je la pourfends. Je griffe le futur. Parce que je ne vois pas très bien ce que je pourrais faire d'autre...

Ensuite, inondée de peinture rouge, j'ai rampé sur cette mer (mère ? ) de glace. Mon parcours a déchiré le papier. Un peu comme de traces de roues, ou de ski. Parce que ce papier est très " mou ", très soluble. Normalement, j'aurais dû utiliser du sang de porc. C'était mieux. Parce que ça renforce l'idée de " sale " (c'est parfois une insulte, d'être un cochon ! ), et parce que c'est du sang. Ca a donc la couleur du sang ( presque noir, en fait. Celui que je désirais est vendu en pot d'un litre, coagulé, ou presque. Un rubis ! ).
Le sang, c'est à la fois la vie ( les vivants saignent ) et la mort. Ce sang, ça aurait pu être le sang coagulé des règles, presque noir et un peu nauséabond.

Du sang pourri. Mais ça veut dire qu'on peut refiler la vie. Qu'on a le droit de vie ou de mort...
Ensuite, je me suis recouverte de ce papier . Je me suis traînée dessus. Mon œuvre à moi, c'est le papier, c'est la toile. C'est mon chemin dans la vie (dans la mort ).
Enroulée dans le papier, je l'ai laissé fondre sur mon corps. C'était devenu une masse étrange, insaisissable, qui fuyait sous mes doigts. Le poids du liquide déchirait la feuille dès que je la soulevais. Elle se délitait au moindre mouvement. Il me fallait renoncer à la projection plane ; traverser le rideau. Sortir du système.

Ensuite, j'ai pu modeler ce que je voulais. Un gros têtard rose est né entre mes doigts, entre mes cuisses aussi.
Je l'ai présenté à la foule des spectateurs.

? chacun son phallus, puisque, n'est-ce pas, nul n'est censé en être dépourvu.

Ils n'ont pas vraiment voulu l'approcher ; de peur de se salir, sans doute...
Ah, si cela avait été du sang au lieu de peinture, ce qui imbibait le papier, ça aurait été pire, ils auraient hurlé ? Mais c'est bien plus facile à laver pourtant (quoiqu'en disent les pubs ! ) : un peu d'eau froide et de savon, et zou !

Combien de culottes et de slips nous avons tâché depuis la puberté !



(Re)Création Galerie mouvante perpétuelle

Dans ce happening là, Nato jouait un rôle d'objet.

Si Nato se situe plutôt au-delà de la sexualité, moi, je serais plutôt en deçà.
Je l'ai déguisé avec l'attirail féminin classique, mais sans réelle ostentation.

Nato prenait aussi un malin plaisir à présenter mes toiles à l'envers ; c'est à dire tête en bas, ou bien coté écru face aux spectateurs... Tant mieux.
Mon maître ne (se) reconnaît pas (dans ) ce que je fais ? Ah, ah, ah !

Puis j'ai flagellé ce corps travesti avec des couleurs, les siennes, celles de sa palette. Alors, il s'est retrouvé zébré de mauve, jaune, rouge...
Ainsi, je lui rendais ses marques, pour me retrouver seule avec les miennes. Sans bas, sans porte-jarretelles, sans talons aiguilles... Atrocement femme.

Et Nato, réduit à l'état de témoin, condamné à brandir mes œuvres sous la lumière jaune.

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