Frank Joseph Emmanuel Vigneron
Né le 16 mars 1965 à Hong Kong

Coordonnées :
Hong Kong 5 Chi Yan Lane, Pengchau, Hong Kong
France 11 rue du Bas-Parcq, 62770 Le Parcq,
c/o Monsieur Jean Vigneron.
0321048732
EXPOSITIONS ET PUBLICATIONS

Le Songe Creux, série 1 numéro 4.
Encre sur papier, monté en
rouleau à suspendre.
133 x 65 cm. 1995.
Expositions personnelles :
  • John Batten Gallery en mai 1999.
  • Hong Kong Institute of Education, du 15 août au 15 septembre 1999.
  • Hong Kong Country Club, exposition organisée par la John Batten Gallery du 4 au 25 juillet 1998.
  • Fringe Club, pendant le Fringe Festival de Hong Kong, du 25 janvier au premier février 1997.

Collection publique :
  • Hong Kong Museum of Fine Arts, 10 Salisbury Road, Tsimshatsui, Kowloon, Hong Kong.

Expositions de groupe :
  • Lines, Tracks, Circles and Grids". A celebration of the line - in all its variation, John Batten Gallery, du premier au 19 décembre 1998.
  • Contemporary Hong Kong Art Biennial, du 15 septembre au 11 octobre 1996.
  • Salon de la Jeune Peinture, Paris, du 17 au 27 avril 1998.
  • Contemporary Hong Kong Art Biennial, du 17 septembre au 3 novembre 1996.
  • Art'95, New York, du 20 juillet au 6 août 1995.
Publications :
  • Une série d'articles dans le magazine bilingue Paroles (français-chinois) publié à Hong Kong. Il s'agit d'études comparatives sur la peinture chinoise et occidentale (déjà publiés : La Raie : Dieu Lare ou Dieu Vengeur. Chardin et Soutine dans la cuisine; Poussez, poussez l'escarpolette... Voyeurisme et chasteté en Chine, en Europe; Portraits de dames sans groupe. Une femme seule dans un tableau; Petite promenade sur le Mont Analogue, les montagnards sont là...; Tératologie : "Le sommeil de la raison"; Portraits : géométrie et calligraphie du visage.)
  • 4 dessins publiés dans List Oceaniczny, le supplément littéraire du journal polonais Dodatek, publié au Canada (février 1996).
  • une traduction de l'anglais d'un texte du peintre polonais Kazimir Glaz, dans le numéro 3 de La Treizième (janvier 1988).
  • une traduction de l'anglais d'un rituel des indiens d'Amérique reporté par le poète américain Jerome Rothenberg, dans le numéro 5 de La Treizième (mai 1988).

Le Songe Creux, numéro 103.
Encre sur bristol.
41 x 27,6 cm. 1998.
ETUDES

Le Songe Creux, série 1 numéro 4.
Détail. Encre sur papier,
monté en rouleau à suspendre.
133 x 65 cm. 1995.

Juin 1998: Docteur en études d'extrême orient à LCAO, Paris VII, Université Denis Diderot. Directeur de recherches: Monsieur le Professeur Ian McMorran.

Titre de la thèse : L'étude sur la peinture de "Bateau-grain de moutarde" (Jiezhou xuehua bian) de Shen Zongqian, porte-parole de l'orthodoxie picturale chinoise à la fin du dix-huitième siècle. L'étude sur la peinture de "Bateau-grain de moutarde" (Jiezhou xuehua bian) est un traité de peinture écrit à la fin du dix-huitième siècle par un peintre de paysages et de portraits nommé Shen Zongqian. De nouvelles informations sont données ici sur cet ouvrage fameux à l'auteur presque inconnu. Une présentation de l'environnement historique et socio-économique de la période, ainsi que sa vie intellectuelle et artistique, la première tentative d'une biographie de l'auteur, la première traduction intégrale du traité, une analyse de la théorie picturale et le premier catalogue raisonné de son oeuvre peinte éclairera d'un jour nouveau l'histoire de la théorie picturale et le genre du portrait à la fin de la dynastie des Qing.

Ce n'est pas seulement la clarté de sa structure qui met ce traité à part dans l'histoire de la littérature esthétique chinoise, mais aussi ses caractéristiques moins évidentes, comme le recours aux même méthodes analytiques sur tous les plans de la réflexion ainsi que le tour visiblement pédagogique et pratique de ses démonstrations.

Cependant, au-delà des qualités intrinsèques de ce livre, c'est l'auteur lui-même en tant que peintre de portrait qui apporta à la théorie de la peinture orthodoxe un nouveau champ de recherches. Shen Zongqian, en consacrant la moitié de son livre au portrait et à la peinture de personnages, leur accorde autant d'attention qu'à la peinture de paysage. Ainsi, en donnant au portrait une base théorique, qui le rendrait plus acceptable à un public de lettrés, l'auteur essaya discrètement d'ouvrir la porte à un nouveau genre pour les peintres amateurs du dix-neuvième siècle. Grâce à cette nouvelle tournure d'esprit, annoncée dès la dynastie des Ming par une multitude de peintres qui s'adonnèrent au portrait, ce genre, traditionnellement considéré comme une discipline d'artisan, allait finalement être transformé au dix-neuvième siècle en une activité parfaitement légitime pour la classe des lettrés peintres amateurs.



A propos du Songe creux
"Créer son propre monde et s'y perdre est la seule position saine et réelle qu'un artiste puisse avoir", déclare Vigneron qui, passant sur chaque dessin des centaines d'heures, la plume à la main, évacue de son travail tout ce qui peut être personnel ou sentimental, tentant d'être le plus absent possible de son expression picturale, pour s'approcher de l'essentiel, "toujours lointain et inaccessible, sans nom et sans forme", ajoute-t-il. Frank Vigneron est né à Hong Kong en 1965 de parents français. Quittant le territoire très jeune, il passe sa petite enfance au Vietnam avant de vivre en Belgique puis en France où il fait des études de chinois à 1'Institut des langues orientales de Paris. II peint dès l'adolescence, mais son grand projet, Le songe creux, prend naissance vers la fin des années 1980 avec d'abord une série d'albums de dessins à l'encre de petite taille, présentés dans une reliure traditionnelle chinoise. Revenu vivre à Hong Kong en 1990, il se retranche de la vie sociale pour continuer son oeuvre, notamment à partir de 1990, des grands tableaux, encres de Chine sur papier, montés en rouleaux chinois. Parallèlement à sa peinture, il fait depuis longtemps un travail de recherche sur la peinture chinoise, et écrit en ce moment une thèse de doctorat sur Shen Zongqian (peintre de la fin XVIIIème) et sur sa théorie de la peinture chinoise.
Le Songe creux, son oeuvre en cours, est un projet qui s'inscrit dans l'espace et le temps et ne se comprend que vu dans son ensemble. Chacun de ces dessins, qu'ils soient à l'encre noire ou de couleur surprend : on ne pense d'abord y voir qu'un motif. un peu comme une frise très minutieuse, mais dès que l'on en approche l'oeil, se révèle alors un ensemble complexe de lignes, de petites spirales qui courent vers l'infini et dont parfois quelques-unes semblent s'envoler en une folle échappée qui ne semble pas aboutir, car toutes restent dans un cadre rigoureux, celui du rectangle et de la spirale.

Le Songe Creux, page d'album.
Encre sur papier.
28 x 20 cm. 1996.

Le Songe Creux, page d'album.
Encre sur papier.
28 x 20 cm. 1996.
La spirale, représentation de l'infini? Représentation de l'homme? Le philosophe Gaston Bachelard disait dans la Poétique de l'espace, "Quelle spirale que l'être de l'homme. Dans cette spirale que de dynamismes qui s'inversent. On ne sait plus tout de suite si l'on court au centre ou si l'on s'en évade". Devant cette oeuvre on pense au labyrinthe, mais on est vite détrompé car il ne s'agit pas d'un monde plan, mais d'un espace qui fuit vers la profondeur. La spirale a toujours fasciné l'esprit humain par l'inconnu qu'elle renferme. Victor Hugo dans Les feuilles d'automne a ces mots "Car la pensée est sombre ! Une pente invisible va du monde réel à la sphère invisible. La spirale est profonde et quand on y descend, sans cesse se prolonge et va s'élargissant". Les représentations de Vigneron ne sont cependant pas uniformes, elles sont perturbées momentanément par des zones blanches. "Ces espaces blancs, réminiscence du vide", dit Vigneron, "représentent le seul type de rapport qui puisse établir une interaction sujet-objet capable d'établir notre place dans l'univers et souligner toutes nos relations avec lui. Comme toute grande musique, enchâssant le silence, tous ces dessins essaient de montrer le vide ontologique, source de l'universelle unité des choses". Vigneron ne cache pas l'influence qu'exerce la peinture chinoise dans son travail, non dans la forme mais dans l'esprit, c'est-à-dire, une reconstitution du processus de création de la nature, avec comme seul instrument possible, la spontanéité. Cette spontanéité n'est pas liberté totale, mais souligne Vigneron "intégration parfaite, au plus profond de l'être de l'artiste, de tout ce qu'il a pu percevoir du monde extérieur et d 'être capable de créer, sans même en avoir conscience, dans le médium de son choix, une nouvelle expérience qui puisse imiter son propre univers intérieur et donc l'univers lui-même. Et c'est cette absence de conscience que certains théoriciens de la peinture chinoise appellent la spontanéité".
C'est donc un travail toujours recommencé, comme "un archéologue", dit-il, "qui a trouvé un filon, et cherche sans savoir ce qu'il va découvrir - un dessin menant à l'autre". Plutôt que de se référer pour son travail à des peintres chinois, il cite des artistes contemporains comme Marc Rothko, Casimir Glaz, Olivier Debré ou Roman Opalka, cet artiste polonais qui peint depuis des années des séries de chiffres sur fond noir auquel il ajoute à chaque tableau 1% de blanc. "Le temps que je passe à tracer ces lignes est crucial, dit Vigneron, c'est en fait un processus même d'intériorisation, une tentative de retourner à ce pur vide de pensée".
Vigneron a eu l'une de ses oeuvres sélectionnée et montrée lors de la Biennale 1996 d'Art contemporain de Hong Kong, mais cette exposition fin janvier sera la première occasion de sortir son travail de son atelier - du moins une partie de son travail, car dans cette dernière décade, Vigneron a réalisé 70 albums de petits dessins, et pas loin d'une centaine de grands dessins montés sur rouleaux verticaux.

Gérard Henry (Magazine Paroles, publié à Hong Kong).

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