Olivier AUBRY |
"Il y a dans le travail d'Olivier Aubry le souvenir sans cesse ressucité de ces coeurs et de ces initiales dont, enfants, nous recouvrions les arbres et les préaux des écoles. On découvre dans ses oeuvres les plus récentes des fonds de peinture qui paraissent comme des fragments arrachés de leur support architectural. La matière est là, travaillée en enduis, inlassablement reprise, poncée et repassée, pour atteindre cet aspect d'usure de la teinte que l'on imagine guère que sur des murs. Ces strates sont des histoires successivement, mais incomplètement recouvertes. Tatoués dans ces glacis, des signes nets affichent le long travail graphique mené parallèlement par l'artiste sans qu'il soit aisé pour le spectateur de deviner quand interviennent ces incisions poétiques. Car, si le motif pénètre profondément la longue maturation des matières, il le révèle aussi, comme un jeu de transparences, nous autorisant à imaginer une confusion des plans dont nous savons pourtant qu'elle est parfaitement illusoire. Il n'y a pas là deux interventions autonomes mais bien l'affirmation en une seule icône du plaisir de peindre et du désir de dessiner. Le travail récent d'Olivier Aubry est un paradoxe multiple. Celui de la figure où le tenaient ses oeuvres antérieures et du signe où le mènent ses aventures d'aujourd'hui. Celui de la peinture qui nourissait ses compositions d'hier et de la matière qui révèle son univers actuel. Celui de l'évidence et du songe. Curieusement aussi, quand tout s'affiche dans la peinture, notre regard devine, dans la manière, un geste de graveur - ou de sculpteur peut être même - le polissage et l'incision, la caresse et la griffure. Il y a du jeu de marelle dans le travail d'Olivier Aubry. On croit compter juste et droit mais on atteint très vite le ciel. Il y a de la comptine plus que de la mélodie dans le charme prenant de ce monde poétique : le mariage inévitable du poisson et de la prison de verre, de la cabane et de la cheminée d'usine, de la botte et du rouage... Le goût raffiné de la couleur et le besoin de le dire, tout autant que l'envie de l'effacer."
Bruno GODICHON |
Sans titre, 1996 Huile sur toile - 160x200 cm |
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Sans titre, 1994 Huile sur toile - 70x50 cm |
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Sans titre, 1996 Huile sur toile - 70x50 cm |
Les photographies couleurs sont d'Emmanuel Watteau